Article de Florence Le DU paru dans l’Humanité du 10 juin 2020
Une quarantaine de praticiens ont déposé une plainte contre le premier ministre Édouard Philippe, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, son successeur Olivier Véran, et le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, pour leur gestion de la crise sanitaire. «Cette plainte doit servir à mettre des limites à l’État», expliquent les auteurs de cette procédure hors-norme.

« On a basculé, avec cette crise, dans un système qui se veut totalitaire, avec des interdictions arbitraires et des recommandations qui sonnent comme des obligations. » Le Dr François Paraire, à l’origine de la plainte
Demander des comptes au gouvernement. Tel est l’objectif de Mathieu Bellahsen, psychiatre. Avec une quarantaine de médecins, de différentes spécialités, il a déposé une plainte, ce mardi, auprès de la Cour de justice de la République. Une procédure pénale, engagée contre le premier ministre Édouard Philippe, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, son successeur Olivier Véran, et le directeur général de la santé, Jérôme Salomon. « Cette plainte doit servir à mettre des limites à l’État. Il y a eu, pendant cette crise, des actes inacceptables qui doivent être jugés pour ne plus jamais être reproduits. Seule une procédure judiciaire indépendante peut nous permettre d’obtenir de vraies réponses. »Les praticiens reprochent au gouvernement leur gestion de la crise sanitaire et ont ainsi retenu trois chefs d’accusation : « abstention volontaire de combattre un sinistre », « mise en danger de la vie d’autrui » et « abus de droit ».
Les deux premiers concernent principalement les pénuries de médicaments, de tests et de masques, dont ont particulièrement souffert les personnels de santé : « Dans tous les secteurs médicaux, les soignants n’étaient pas protégés, explique la Dr Pierrette Clozier. Tous ont été exposés au virus, et les contaminations sont innombrables. C’était criant chez les médecins libéraux, dont 44, au moins, sont morts du Covid-19. Je n’ose imaginer ce nombre pour l’ensemble des soignants. » « Il faut comprendre comment on est passé d’un stock de 700 millions de masques en 2017 à 120 millions en 2020, questionne Jean-Louis Chabernaud, pédiatre. Il y a eu un manque d’anticipation criant et le gouvernement est loin d’avoir fait le nécessaire, pendant la crise, pour protéger la population en général et les personnels de santé en particulier, préférant mentir pour gagner du temps. »

Parallèlement à cette plainte, le parquet de Paris a annoncé, ce mardi, l’ouverture d’une vaste enquête sur la gestion de la crise sanitaire en France, après avoir reçu 80 plaintes.