En cinq portraits, le journal l’Humanité a rendu hommage cette semaine aux écrivains, politiques et journalistes embastillés par le régime turc. J’ai choisi de mettre sur mon blog celui de Selma Irmak. Emprisonnée près de dix ans dans les années 1990, puis quatre ans sous le régime de Recep Erdogan, cette députée kurde est de nouveau visée.

Le 4 novembre dernier, Selma Irmak a été arrêtée en même temps que dix autres députés du Parti démocratique des peuples (HDP), avec 22 chefs d’accusation retenus contre elle.
«Le coup d’État de l’AKP (Parti de la justice et du développement) vise le front de la démocratie. Il illustre la peur du pouvoir face à une opposition qui grandit et s’élargit. La prison est devenue notre seconde adresse, mais nous continuerons de résister. Nous ici et notre peuple dehors. Je salue particulièrement les camarades femmes qui sont et seront le cauchemar de l’AKP ! » Ces mots de Selma Irmak, prononcés quelques minutes après son arrestation le 4 novembre dernier en même temps que dix autres députés du Parti démocratique des peuples (HDP), ne sont pas nouveaux dans la bouche de cette figure de la gauche turque et de la cause kurde. Qu’ils soient islamo-conservateur ou nationaliste, les différents pouvoirs ont toujours tenté d’étouffer la voix de cette intraitable politicienne qui continue pourtant de résonner par-delà les murs. La prison, Selma y a passé près du tiers de sa vie. Dès 1994 – elle n’a que 23 ans –, la jeune femme aux idéaux féministes à contre-courant d’une société patriarcale étouffante est arrêtée à Konya. Elle n’est encore qu’étudiante. Ses affinités supposées avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) lui coûtent près de dix ans de prison.

Les violences policières et les arrestations sont devenues le quotidien des opposants au régime du dictateur Recep Tayyip Erdogan en Turquie